Les Beaux Jours ont pu assister à deux tables rondes qui ont traité de ce sujet lors de l'événement, et découvrir toujours plus d’initiatives inspirantes dédiées à l’amélioration de l’espace et du quotidien engageant les plus jeunes.
La vidéo suivante est particulièrement intéressante pour illustrer le sujet :
Il s’agit d’un projet de l’AFD, l’Agence Française du Développement, à Mexico, qui propose à des enfants âgés de 6 à 12 ans de repenser leur ville. Quoi de plus innovant que de demander aux enfants d’émettre des recommandations pour améliorer l’espace urbain dans lequel ils grandiront demain, et de les porter ensuite devant la communauté internationale ? Puisque ce sont eux qui occuperont cet espace dans les années à venir, il apparaît plus que cohérent de les inclure dans une concertation citoyenne, et de les amener à prototyper eux-mêmes des solutions. Un hôtel pour personnes âgées est, par exemple, une des idées proposées par les enfants. Un très beau projet en perspective !
Pour pouvoir réaliser ce projet et intégrer cette démarche auprès des élèves, l’AFD s’est rapprochée des écoles de la ville. En effet, lorsqu’on parle d’innovation sociale auprès des jeunes, il semble que ce soit l’école qui soit la plus en mesure de faire naître des idées nouvelles chez les enfants. C’est en tout cas ce dont est convaincu Franceso d’Onghia, co-fondateur de Paco Design Collaborative, pour qui l’imagination des enfants est un vecteur d’innovation qui peut être activé via une approche de design thinking à l’école. Il amène ainsi les enfants à redessiner leur environnement scolaire en stimulant leur créativité. Il leur montre par exemple des images de ce qui est fait ailleurs dans le monde puis leur propose des phases de brainstorming où chacun peut partager ses idées. C’est ensuite aux enfants de prototyper leur espace scolaire idéal, à partir de tout ce qui a émergé lors de ces ateliers. Sur leur site internet, on retrouve l’exemple du déroulé d’un atelier pour repenser l’espace de lecture d’une salle de classe en Namibie :
Ces moments d’intelligence collective chez les enfants ne sont néanmoins possibles que si les enseignants sont prêts à renouveler leurs pratiques et à tester de nouvelles approches. Pour aider les enseignants à faire cela , Joris Renaud nous a parlé de son association, Eduvoices, qui permet aux enseignants de partager des moments conviviaux et d’échanger sur leurs pratiques, tout en pouvant participer ensemble à des ateliers pour se former. Un bon moyen de s’inspirer et de faire évoluer ses méthodes pour aller vers plus d’innovation à l’école !
Marianne Varale, cofondatrice d’ApiAfrique, nous a également présenté son projet d'innovation sociale qui s’adresse aux jeunes, en Afrique, même s’il touche plus directement les filles. Marianne est parti d’un constat simple en observant les habitudes des jeunes filles dans le pays : celles-ci n’ont pas d’autonomie sur le sujet des règles, elles doivent demander de l’argent à leur père pour acheter des produits hygiéniques alors même que ce sujet est très tabou, et préfèrent parfois rater plusieurs jours l’école que d’aborder le sujet. De plus, la collecte des déchets n’existant pas en Afrique, il existe de gros problèmes d’hygiène, sachant que les serviettes et les couches rejetées dans la nature mettent en moyenne 450 ans à biodégrader. Pour pallier ce problème, Apiafrique a permis la création d’un atelier de production local de serviettes et couches hygiéniques réutilisables, qui conduit à la fois à améliorer la santé sur le territoire, à réduire les déchets, mais aussi à donner plus d’autonomie aux jeunes filles et aux femmes. Marianne et son équipe sont donc partis de leurs observations sur le terrain tout en incluant l'opinion et les usages des habitants sur place pour aboutir à ce nouveau produit innovant répondant à des problématiques sociales concrètes.
Les méthodes de réflexion collective et d’immersion sont ainsi des leviers puissants pour imaginer la société de demain, une société qui soit la plus inclusive possible. Et les innovations sociales semblent être d’autant plus intéressantes qu’elles naissent des idées des enfants et des jeunes, qui en seront les principaux bénéficiaires et qui apportent un éclairage particulièrement important sur leurs usages et utilisations de l’espace.
Nous sommes donc ravis que des initiatives apparaissent pour créer un lien essentiel entre jeunesse et innovation sociale ! Nous travaillons, nous aussi, pour répondre à certains besoins des jeunes, via par exemple un projet avec LK Ecowork ou encore avec la Mission Locale de Paris, dans lesquels nous les amenons à prototyper des pistes d'actions concrètes pour l'amélioration de leur environnement.